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Les ancêtres du hautbois apparaissent à la fin du 15e siècle, mais l’instrument atteindra sa notoriété à la fin du 17e siècle grâce aux familles Hotteterre et Philidor qui permettront son insertion à la cour de Louis XIV dans la « Grande Écurie et la Chambre du Roi ». Associé à l’orgue, instrument de basse continue à l’époque baroque, il a suscité un répertoire significatif. Il sera utilisé très fréquemment dans les cantates de J.S. Bach.

La place d’honneur revient ici à Arcangelo Corelli dont l’opus 5 de 1700, présenté comme recueil de sonates a révolutionné le monde baroque dès sa parution. Ses Sonates ont suscité dès le 18e siècle une quantité importante de transcriptions sous forme de concertos pour différents instruments. Ici le hautbois fait alterner divers mouvements d’une suite de danse. Alessandro Scarlatti, est un peu oublié de nos jours tant son fils Domenico lui a ravi sa notoriété grâce à ses 555 sonates pour clavecin. Alessandro n’en était pas moins beaucoup plus connu que lui au 18e siècle, auteur d’une cinquantaine d’opéras et de plus de 500 cantates. Né à Palerme il se fait applaudir à Naples et à Rome où il rencontre Corelli et à Venise où il organise une joute entre son fils et le jeune Haendel. Les Toccatas d’Alessandro sont des pièces virtuoses dont les nombreuses sections multiplient de surprenants contrastes.

Georg Friedrich Haendel est né à Halle. Après un début de carrière à Hambourg, il part à vingt et un ans en Italie où il entendra les œuvres de Corelli et de Scarlatti. Il en sera un ardent propagateur et saura s’en inspirer durant son imposante carrière londonienne. Compositeur de nombreux opéras, oratorios, concertos et sonates, Haendel, fort de sa culture germanique et de sa connaissance du baroque italien, va opérer une « réunion des goûts » particulièrement convaincante. En 1713, Mattheson, ami et collaborateur de Haendel, puis de Telemann à Hambourg, nous dit que : « Quiconque cherche aujourd’hui à faire carrière s’en va en Angleterre ».

Cela explique la présence à Londres de John Loeillet of London. Né à Gand, il intègre l’orchestre de Drury Lane et devient premier hautbois du Queens Theatre. Il compose une série de Sonates dans lesquelles sont réunis le style italien et le style français toujours associé à la suite de danses.

Georg Philipp Telemann est l’un des compositeurs les plus productifs de son époque. Né à Magdebourg, étudiant à Leipzig, il sera de longues années responsable de la musique à Hambourg, au poste qui sera repris en 1768 par Carl Philipp Emmanuel Bach dont il est le parrain. Mattheson, compositeur et secrétaire de l’ambassadeur d’Angleterre à Hambourg sera l’un des souscripteurs de sa « Tafelmusik – Musique de Table ». Ce monument musical publiée en trois parties en 1733, compte aussi bien des œuvres orchestrales et que de musique de chambre. La Sonate en sol mineur pour hautbois et basse continue (5e pièce de la 3e partie) illustre la grande maîtrise de Telemann.

Haendel et Telemann sont connus comme organistes, mais ils ne nous ont laissé que de rares œuvres pour cet instrument sur lequel ils improvisaient avec une grande virtuosité. Haendel a inspiré les organistes anglais. John Stanley lui succèdera comme organiste de la Chapelle Royale de Londres. Il héritera d’une partie de ses biens et travaillera à maintenir l’exécution des Oratorios de son ami. Le style de Stanley établit un lien entre le Baroque et le Pré-classicisme naissant, comme le fera C.P.E. Bach à Berlin et Hambourg. L’émouvant choral sur le « De Profundis », retrouvé parmi des manuscrits du début du 19ème siècle, a longtemps été attribué à son père en raison de sa qualité musicale. Il utilise tous les éléments expressifs du « style galant ».